Tesla a publié les résultats financiers pour son troisième trimestre 2023 qui vient de se terminer et ils ne sont pas aussi bons qu’espérés. Le constructeur américain exclusivement électrique n’est pas revenu dans le rouge comme il l’a été pendant des années et la firme d’Elon Musk affiche ainsi un chiffre d’affaires de 23,35 milliards de dollars et 1,9 milliards de bénéfices nets sur le trimestre. Rien de mauvais en soi, mais c’est bien inférieur au même trimestre de l’an dernier, les analystes s’attendaient à mieux et peut-être un premier signe de difficultés à venir pour Tesla.

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Une Model 3 qui fonce dans un mur, allégorie bidon (image MacGeneration).

Avec 430 488 voitures produites et 435 059 vendues, ce troisième trimestre ne bat pas le record du précédent, mais Tesla l’a justifié par les opérations de maintenance réalisées dans ses usines. L’objectif principal n’était pas tant d’augmenter la production cette fois, que de réduire les coûts de production, enjeu majeur désormais pour le constructeur. Tesla a cassé ses prix depuis le début de l’année, ce qui veut dire qu’il a réduit ses marges de manière importante. Alors que le constructeur faisait figure d’exception dans l’univers automobile il y a encore quelques mois, il est désormais derrière des groupes généralistes : 7,6 % de marges opérationnelles au dernier trimestre, à comparer aux 14,4 % revendiqués par Stellantis sur le premier semestre 2023.

Tesla a encore battu des records de livraisons, mais à quel prix ?

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Tesla a bien rogné sur ses marges pour vendre autant au dernier trimestre

Tesla a bien rogné sur ses marges pour vendre autant au dernier trimestre

Pour restaurer des marges plus confortables, Tesla pourrait augmenter à nouveaux ses prix de vente, mais les ventes dégringoleraient sûrement. À la place, le plan est bien de réduire les coûts de production des véhicules. Le constructeur texan mise pour cela sur plusieurs leviers, dont la simplification de ses voitures, comme la Model 3 récemment revue en témoigne bien, mais aussi des optimisations sur la chaîne de production ou encore l’internalisation de la production des batteries 4680. Le coût de revient moyen s’est établi autour de 37 500 $ par véhicule au dernier trimestre et l’objectif est de le réduire encore à l’avenir.

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Graphique Tesla.

Reste à savoir s’il pourra réellement le faire, sachant que le Cybertruck doit toujours sortir d’ici la fin de l’année et qu’Elon Musk a indiqué lors de la présentation des résultats qu’il ne fallait pas s’attendre à atteindre la rentabilité avant un an, voire un an et demi. Il faut dire que produire ce monstre d’acier (littéralement) va être très compliqué, comme le CEO l’a reconnu volontiers. Vendre le pick-up anguleux au-dessus des prix du marché n’est pas pensable, ce qui explique qu’il faudra s’attendre à ce qu’il pèse négativement dans les futurs résultats financiers de l’entreprise.

Qui dit production complexe, dit aussi production au ralenti. Le communiqué de presse fourni par Tesla annonce pour la première fois une date de commercialisation : les premiers Cybertruck devraient être livrés le 30 novembre 2023, mais il ne faut pas s’attendre à un raz de marée sur les routes américaines. L’objectif à terme est d’en sortir 250 000 par an, néanmoins l’usine texane est actuellement configurée pour une production annuelle d’environ 125 000 camions et la cadence réelle sera bien plus faible initialement. Il y a de nombreux points bloquants, tant sur la fabrication de la structure en acier inoxydable que sur les batteries maisons, indispensables au véhicule.

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Trois Cybertrucks portés par un Tesla Semi… autre véhicule à la production confidentielle et qui devrait le rester encore pendant longtemps (image Tesla).

Tesla avait prévu de produire 1,8 millions de véhicules sur l’année 2023 et cela reste jouable si ses usines produisent à plein sur le dernier trimestre. Ce serait une croissance d’environ 24 % par rapport à 2022 ce qui est bien, mais nettement inférieur aux années précédentes. Jusque-là, l’entreprise comptait sur une croissance fulgurante et des marges dignes du luxe pour avancer, mais elle semble désormais entrer dans les rangs et devenir de plus en plus un constructeur automobile comme les autres.

Ce n’est pas un problème en soi, sauf si vous possédez quelques actions TSLA. Face à la montée de la concurrence qui améliore son offre et parvient à produire de plus en plus de véhicules électriques, Tesla pourrait toutefois finir par se retrouver en difficulté. Notamment en Chine, où le constructeur produit massivement pour l’étranger, mais a du mal à s’imposer par rapport aux constructeurs locaux. BYD connait une telle croissance qu’il est en passe de doubler son concurrent américain sur le nombre de véhicules électriques vendus, tout un symbole. Plus gênant, il parvient à le faire sans rogner sur ses propres marges, qui augmentent elles aussi régulièrement et devraient bientôt dépasser celles de Tesla.